Glossaire A-E

(Source : Précis de sémiotique littéraire, Paris, Nathan, 2000)

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Actant, actantiel: Unité syntaxique de base de la grammaire narrative, l’actant se définit par sa relation prédicative, par sa composition modale, par sa relation avec d’autres actants. La sémiotique reconnaît trois figures actantielles de base : le Desti­nateur, le Sujet et l’Objet (les figures symétriques et inverses de l’anti-sujet et de l’anti-Destinateur déterminent la structure polémico-contractuelle du récit).

 

Acteur : Le concept d’acteur se situe à la jonction de la syntaxe narrative (c’est un actant, doté de programmes narratifs) et de la sémantique discursive (il possède un rôle thématique, le plus souvent humain et socialisé, et se manifeste sous une forme figurative ; cf. les séquences de portraits). Le processus d’actorialisation ainsi défini sur des critères sémiotiques, le terme d’acteur est parfois utilisé pour remplacer le terme de « personnage », marqué par la psychologie des caractères.

 

Aspect, aspectualité : Défini en linguisti­que comme « point de vue du sujet sur le procès », l’aspect module le contenu sémantique du prédicat, qu’il soit au passé, au présent ou au futur, selon qu’il est envi­sagé comme accompli (cf. le prétérit) ou non accompli (cf. l’imparfait), ponctuel, itératif ou duratif, inchoatif (envisagé dans soncommencement) ou terminatif (envi­sagé dans son achèvement). Au-delà de la seule temporalité, la sémiotique étend la notion d’aspect à la spatialité (notamment en sémiotique visuelle : perception des seuils et de l’étendue, effets de la lumière et de l’ombre), à l’actorialité (le comportement est aspectualisé : la précipitation, par exemple) et à l’axiologie (la relation entre imperfection du paraître et surgissement de la perfection comme critère d’appréhension esthétique). On peut, par exemple, analyser les formes culturelles de la conduite automobile du point de vue de l’aspect : l’automobiliste américain s’ins­talle dans le duratif, le français obsédé dès le départ par le terme du voyage le « vit » selon l’aspect terminatif. Cet exemple montre le lien entre l’aspect et la saisie des passions, qui sont des phénomènes fortement aspectualisés (passions itératives, inchoatives, terminatives, etc.).

 

Axiologie : Théorie ou description des sys­tèmes de valeurs (morales, éthiques, esthé­tiques, logiques, etc.). Des micro-systèmes de valeurs se forment par l’investissement de la catégorie thymique (euphorie/dyspho­rie) dans des termes abstraits ou figuratifs. 

 

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Carré sémiotique, structure élémentaire de la signification : La structuration d’un micro-univers sémantique se déploie sous la forme d’une structure élémentaire (ou carré sémiotique). Ce modèle définit les relations logico-sémantiques à la croi­sée desquelles se constituent les significations. Issu du modèle logique aristotéli­cien, le carré articule les relations de contradiction, de contrariété, de complé­mentarité et de hiérarchie.

Cognitif : La dimension cognitive en sémiotique désigne l’univers du savoir, dans la mesure où celui-ci peut, à l’instar de l’action, être narrativisé. Il suffit en effet que deux acteurs ne disposent pas d’un même savoir sur un objet pour que cette modalité devienne en elle-même un objet de valeur et par conséquent un enjeu narratif (secret à préserver ou à percer, mensonge à démasquer, illusion à entrete­nir…). L’histoire du roman montre que le ressort cognitif de la narrativité a progres­sivement supplanté le ressort pragmatique, notamment depuis l’avènement du roman moderne (jusqu’à en devenir la dimension exclusive : cf. les tropismes de N. Sar­raute). L’utilisation sémiotique du terme « cognitif » doit être distinguée de son emploi dans les « Sciences cognitives », où il désigne la recherche des processus effectifs de la connaissance humaine. 

 

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Débrayage : Opération énonciative par laquelle le sujet de parole projette « hors de lui » les catégories sémantiques du /non-je/, /non-ici/, /non-maintenant/, installant du même coup les conditions pre­mières de l’activité symbolique du discours. Rompant son inhérence avec lui-même, il installe les catégories objectivantes du « il », de « l’ailleurs », de « l’alors ». Cette opération est corrélée avec l’embrayage.

 

Destinateur : Actant qui définit l’ordre des valeurs en jeu dans un récit. Figure d’autorité, il est à la source du contrat (il mandate) et de la sanction, assurant l’enca­drement axiologique du récit. D’un point de vue modal, le destinateur est défini par la factitivité (il fait croire, il fait vouloir, il fait savoir, il fait faire).

 

Discours: Particulièrement polysémique, le terme de discours désigne, d’une manière générale, la réalisation du procès sémiotique manifesté par exemple sous forme de texte. On peut considérer que trois paramètres définissent le discours : l’énonciation (mise en discours), l’interaction (dimension pragmatique : action réali­sée et effets produits sur l’énonciataire) et l’usage (les produits de la praxis énonciative et culturelle, sous forme de schémas canoniques, de genres, de registres, de phraséologie, etc., part impersonnelle de l’énonciation que convoque – ou révo­que – un énonciateur individuel dans sa mise en œuvre du discours).

 

Dysphorie : Terme négatif de la catégorie thymique qui permet de valoriser les univers sémantiques et de les transformer en axiologies. Le terme positif de cette caté­gorie est l’euphorie (et son terme neutre est l’ aphone). 

 

 

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Embrayage : Opération énonciative par laquelle le sujet de parole fait retour à l’énonciation, à partir du débrayage, et identifie le sujet de l’énoncé avec l’instance d’énonciation : il installe alors les catégories personnelles de la première et de la deuxième personnes (je/tu) et les déictiques spatiaux (ici, là) et temporels (maintenant, hier…). Cette opération est corrélée avec le débrayage, antérieur et présupposé. Dans une perspective d’analyse littéraire, l’embrayage donne lieu à des formes variées (embrayage énonciatif, embrayage énoncif, embrayage interne) et permet de rendre compte, au moins par­tiellement, de la mise en discours de la « vie intérieure » (par exemple, une suite d’événements passés devient, par embrayage, une scène figurative de « souvenirs »).

 

Énonciation : « Mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » (Benveniste), l’énoncia­tion, d’abord rejetée pour des raisons de méthode de la sémantique structurale, a été ensuite réintégrée dans le corps théo­rique de l’analyse du discours, comme présupposé logique de l’énoncé, et définie par les opérations du débrayage et de l’embrayage. Dans la perspective du discours en acte, l’énonciation est première et son sujet se définit d’un seul tenant comme sujet sensible de la perception et sujet discursif de la prédication.

 

Euphorie : Terme positif de la catégorie thymique qui permet de valoriser les univers sémantiques et de les transformer en axiologies. Le terme négatif de cette caté­gorie est la dysphorie (et son terme neutre est l’aphorie).



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